Ecrire,
Pour dire,
Pour chanter la beauté du soleil sur la mer
Et fixer, dans son cœur, des instants suspendus ;
Des moments où la vie, telle une douce mère,
Nous offre, à déraison, des jours inattendus,
Des nuits de noir velours et des enfants à naître
Hésitants, comme nous, entre être ou bien paraître.
Ecrire,
Pour dire,
Avec des mots choisis, la moiteur de l’été,
Les vignes empourprées et les meules dorées.
S’étonner, au printemps, de retrouver, fleuri,
Un jardin que l’hiver avait pourtant meurtri ;
Entendre, le matin, les oiseaux gazouiller
Et trouver à chaque heur de quoi s’émerveiller.
Ecrire,
Pour dire,
Avec de l’encre noire à jamais endeuillée,
La misère et la mort qui viennent effeuiller
Des pays et des gens qui ne savent aimer
Et perdent la raison pour mieux se décimer ;
Parler de ces journées où tout peut basculer
Où ceux qu’on chérissait s’emploient à bousculer
Un passé désormais honni et malheureux
Piétiné sans regret, à jamais douloureux.
Ecrire,
Pour dire,
En prose ou bien en vers, au présent, au futur,
Que demain, malgré tout, se lèvera encore,
Sur des chansons d’amour, sur des points de suture,
Vers des chemins nouveaux qui nous rendront plus forts,
Qui nous feront tenir et vibrer et danser,
Ecrire avec son âme et ainsi la panser.
Jacqueline Bernet, 2015