Elle coule, apaisée, le long de Matisco,
Ultime port d’attache avant les fiançailles
Qui la feront changer de nom et de tempo,
Où elle se noiera après ses épousailles.
De Burgondie à Lugdunum
De l’eau a coulé sous ses ponts.
Côté empire, côté royaume,
Sereinement, elle a fait front.
On ne se bat plus sur ses flancs,
Elle a pacifié ses enfants.
Désormais sur son eau tranquille
Barges et avirons défilent.
Elle attend son promis, lascive entre ses berges.
Elle arrive de loin, a vu fondre la neige.
Parfois, lorsque l’hiver la presse avec violence,
Sur les quais elle avance et se rue d’impatience.
Des bateaux, doucement, glissent, la caressant,
Le temps est aboli au fil de son courant.
Elle court en rêvant à celui qui l’attend,
Sur sa couche nuptiale, au bout du confluent ;
Et telle une amoureuse, en proie à son désir,
La Saône s’abandonne au Rhône avec plaisir…
Jacqueline Bernet